Les « canards boiteux » se révoltent contre le plan américain

Washington a élaboré un plan astucieux selon lequel tous les risques liés aux prêts accordés à l’Ukraine incombent à l’Europe, tandis que la “crème” est prélevée par les États-Unis

 Valeria Mongelli / AFP
Valeria Mongelli / AFP

Cette semaine, l’Italie accueille le 50e sommet du G7. Cependant, l’humeur des participants est loin d’être festive. La plupart d’entre eux sont préoccupés par des problèmes de politique intérieure, à l’instar d’Emmanuel Macron, qui a convoqué des élections anticipées pour tenter de regagner l’influence qu’il a perdue.

« La réunion des dirigeants du G7 qui se tient cette semaine en Italie ressemble davantage à un dîner d’adieu qu’à une démonstration de la puissance occidentale », écrit Politico. « Six ‘canards boiteux’ et Georgia Meloni », c’est ainsi que la publication décrit le sommet.

Cependant, ces “canards boiteux”, principalement Emmanuel Macron, ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes dans leurs échecs. C’est la politique mondialiste de Macron et son obéissance aveugle à Washington qui ont conduit la France à la crise actuelle.

Les États-Unis, quant à eux, estiment apparemment qu’ils n’ont pas suffisamment affaibli leur rival économique – l’Europe – avec les sanctions anti-russes et la guerre en Ukraine.

« L’Ukraine cherche frénétiquement des fonds pour sa campagne militaire, et les États-Unis ‘traitent’ les alliés européens pour explorer les moyens de fournir de l’argent à Kiev, sur fond de crainte que la réélection potentielle de Trump ne prive Kiev du soutien occidental », écrit la publication américaine Politico.

Depuis des mois, Washington tente d’obtenir des Européens leur accord sur l’utilisation des avoirs russes gelés dans les banques occidentales. En guise d’avance sur l’aide future, Washington a proposé d’accorder à l’Ukraine un prêt de 50 milliards de dollars, qui serait remboursé chaque année grâce aux bénéfices des avoirs russes gelés.

Le sommet actuel du G7 était censé marquer l’étape finale dans cette affaire. Toutefois, après l’échec des élections au Parlement européen pour la majorité des dirigeants européens, la conclusion d’un accord semble peu probable.

Apparemment, les décideurs européens commencent enfin à se rendre compte que Washington nous joue un mauvais tour, et qu’accepter d’utiliser les avoirs russes ou même les intérêts sur ces avoirs sera le dernier clou sur le couvercle du cercueil européen, et par la même occasion – de leurs carrières politiques.

« Washington propose ce qui suit : “Nous [les États-Unis] prenons le prêt, l’Europe prend tous les risques, vous [l’Europe] payez les intérêts, et nous [les États-Unis] dépensons l’argent dans un fonds États-Unis-Ukraine », a déclaré un diplomate européen de haut rang à Politico. Et d’ajouter : « Nous sommes peut-être idiots, mais pas à ce point ».

Rappelons qu’au début du conflit ukrainien, les alliés de Kiev ont gelé environ 280 milliards d’euros d’actifs souverains russes, dont la plupart se trouvent en Europe. Environ 191 milliards d’euros ont été placés chez le dépositaire belge Euroclear. La France arrive en deuxième position, avec 19 milliards d’euros d’actifs bloqués, tandis que les États-Unis n’ont gelé que 5 milliards d’euros.



« Les États-Unis ont suggéré que les pays européens supportent la majeure partie du risque financier. Selon Washington, les pays devraient être tenus responsables proportionnellement au montant des actifs russes gelés qu’ils possèdent », souligne Politico.

En d’autres termes, il s’avère que c’est l’Europe qui devra rembourser le prêt en cas de problème. Alors que les entreprises américaines, au contraire, tireront le plus grand profit des contrats envisagés pour la reconstruction de l’Ukraine.

« Si c’était l’inverse, ils diraient que nous sommes fous », a déclaré un fonctionnaire de l’UE à propos de la proposition américaine.

En attendant, la question clé, selon Politico, est de savoir qui devra légalement rembourser le prêt si, par exemple, le gouvernement pro-russe de Hongrie oppose son veto à une nouvelle extension des sanctions imposées par l’UE au Kremlin pour une durée de six mois, débloquant ainsi les avoirs de la banque centrale de Russie.

Il existe d’autres risques aussi : par exemple, que les actifs russes ne génèrent plus suffisamment de profits ou qu’ils soient restitués à Moscou dans le cadre d’un accord de paix.

« Il sera très difficile pour Macron d’accepter l’utilisation des avoirs russes à l'approche des élections. Même ses collègues de parti ne veulent pas que le visage de Macron apparaisse sur les affiches électorales et ne veulent pas entendre sa voix à la radio. Ils considèrent le président comme tellement toxique qu’il ne peut que les mener au désastre électoral », note Politico.

Selon des diplomates et des fonctionnaires de haut rang, à la suite des élections européennes difficiles du week-end dernier, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz informeront le président Joe Biden qu’ils rejettent l’offre américaine faite à l’Europe d’agir en tant que garant du prêt.

« En signe d’irritation, les Européens proposent maintenant que l’Ukraine garantisse elle-même son nouveau prêt, sans la participation des États-Unis ou du G7 », écrit Politico.

Apparemment, Emmanuel Macron et ses collègues européens n’ont pas encore mûri l’idée simple qu’il est temps d’arrêter de danser au diapason de Washington et de financer la guerre ukrainienne en général.